L'enquête ethnobotanique

L'ethnobotanique est une discipline scientifique appartenant au champ de l'ethnologie. Elle a pour but d'étudier les relations multiples et complexes que nouent les Hommes avec leur environnement végétal.

Une recherche en ethnobotanique repose principalement sur les résultats d'enquêtes de terrain ainsi que sur le recueil des données bibliographiques. Ces enquêtes sont généralement menées sous forme d'entretiens et d'observation des pratiques auprès de personnes ressources, identifiées comme ayant un savoir et/ou un savoir-faire relatif au végétal.

Jusqu' à présent, l'ethnobotanique s'est intéressée plus particulièrement aux relations Hommes/Nature dans les sociétés où l'usage du végétal revêt encore aujourd'hui un caractère primordial pour leur survie. Ainsi dans les « pays du Sud », les résultats de ces recherches, outre leur intérêt patrimonial évident, peuvent être mobilisés dans le cadre de programmes sanitaires, environnementaux ou d'aide au développement socio-économique des populations locales..

Ils peuvent également intéresser le secteur industriel en quête de nouvelles molécules pour élaborer des produits pharmaceutiques ou des compléments alimentaires, lorsque les données recueillies concernent la flore médicinale.

Cela pose un certain nombre de problèmes juridiques et éthiques liés aux droits de propriété intellectuels et à l'accès à la biodiversité. JDMM s'engage à ce que toutes les données soient recueillies avec le consentement informé des acteurs. Ces données, systématiquement restituées aux populations partenaires, restent leur propriété et sont publiées avec leur accord.

Pour le « domaine européen », marqué par une rupture dans la transmission des savoirs relatifs à la Nature suite aux transformations de la société rurale et de la société en général, l'ethnobotanique est aujourd'hui principalement sollicitée dans une perspective de sauvegarde d'un patrimoine culturel. Néanmoins, ces recherches restent encore peu nombreuses malgré l'urgence liée à la disparition galopante des mémoires vivantes de ces savoirs et savoir-faire.

Cependant l'ethnobotanique, jusqu'ici cantonnée à la production de connaissances patrimoniales, pourrait tout comme dans les « pays du Sud » être mobilisée pour répondre à d'autres enjeux, notamment environnementaux, comme la conservation et la valorisation de la biodiversité.

L'anthropologie médicale

Lorsque la finalité du terrain est d'améliorer l'accès aux soins de santé primaire, une approche par l'anthropologie médicale est incontournable.

Réalisée dans le même temps que l'enquête ethnobotanique, l'ethnographie de terrain va s'intéresser à tous les aspects du soin dans une culture donnée. Une première approche épidémiologique permet de cerner les priorités de santé publique à confronter et harmoniser avec les demandes exprimées par les population

La question des taxonomies (mode de classement des plantes) doit s'assortir d'une compréhension de la nosologie (mode de classement des maladies), spécifiques à une culture donnée et ne se superposant pas à la taxonomie botanique et à la nosologie de la médecine conventionnelle. Elle permet de comprendre comment la culture locale pense et classe la nature et ces phénomènes.

Les acteurs du soin sont identifiés et leur rôle est précisé selon le secteur auquel ils se rattachent : populaire (l'automédication), traditionnel (tradithérapeutes, rebouteux, chamans, sorciers, religieux etc.) et institutionnel (thérapeutes formés dans des institutions médicales). On dresse des itinéraires thérapeutiques qui permettent de comprendre les logiques de recours aux soins des populations et d'y préciser la place des plantes.

Le système global du médicament est précisé : place du médicament conventionnel, place des plantes et produits à usage de plantes, présence ou non de médicaments de contrefaçon, pratiques de malfaçons, hélas fréquentes, concernant les produits à base de plantes. On identifie aussi les rituels liés aux pratiques de soin qui font partie de l'arsenal thérapeutique.

Enfin on établit pour certains produits emblématiques leur « biographie » : ainsi l'exemple du cordyceps sinensis permet de révéler les dimensions sociales (enjeux d'identité et de pouvoir), économiques (dépendance quasi complète d'une population à cette ressource, ouverture d'un marché globalisé qui attire bien de convoitises et modifie les pratiques de récolte comme de fabrication), jurisiques (droits de propriété intellectuels, savoirs indigènes, guerres de brevets, accès à la biodiversité), sanitaires (modification des indications selon les cultures), et environnementales (mise en danger de la ressource).



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